P resque tous les samedis entre 7h et 8h, je
branche ma radio sur France Culture et j'écoute «Terre à terre, le magazine de l'écologie
et de l'environnement». On y apprend des choses intéressantes, et surtout, des choses
incroyables. Je crois qu'il serait salutaire de faire une collection de livres ou mieux,
de CD ou de cassettes qui reprenne les meilleures émissions — c'est-à-dire toutes — afin
de donner une information complète et variée sur le présent de l'environnement, sont
futur probable et son avenir possible. J'en parle, car en ce samedi 28 février 2004, je
me suis lancé dans la confection d'une nouvelle rubrique consacrée à l'écologie, et une
déclaration d'un des invités du jour me semble devoir être une bonne base de discussion:
il rapporte qu'après qu'il lui ait fait apparaître que les rejets des mines d'uranium que
gère la COGEMA produisent une pollution très au-delà des risques admis, un responsable de
cet organisme lui expliqua que ça ne le concernait pas, que son entreprise respectait les
normes de rejet édictées par la DRIRE, et qu'il lui fallait se retourner vers cette
institution, quant à la COGEMA, «elle n'est pas responsable».
Cet échange est typique de ce qui sépare les pensées écologique et positiviste: un
écologiste vit dans un univers d'interactions où chaque action entraîne des conséquences
sur l'ensemble d'un système; un positiviste vit dans un univers de causalités simples, où
chaque problème doit être traité «en soi», indépendamment des problèmes secondaires qui
pourraient lui être liés. Pour le responsable son «problème» est d'extraire au mieux
l'uranium, pour le meilleur intérêt de son entreprise en dans le respect des lois; la
pollution secondaire que produisent les «déchets stériles» répandus par la COGEMA n'est —
en l'état des lois — pas le problème de la COGEMA, mais celui des collectivités locales,
ou de la DRIRE, ou du ministère de l'environnement. Bien sûr, si ce responsable de la
COGEMA avait habité près de l'usine chimique AZF un certain 21 septembre 2001, il est
probable que comme citoyen il aurait jugé l'entreprise en question bien peu «citoyenne»,
bien peu respectueuse de son environnement et des risques qu'elle faisait courir aux
populations voisines; qu'il aurait jugé la mairie de Toulouse et la préfecture un peu
légères quant à leurs agréments pour le plan d'occupation des sols, etc. Bref, que les
problèmes «secondaires» auraient dû être pris en compte et au premier chef par AZF. Mais
en tant que «responsable de la COGEMA», il met ses idées de citoyen au vestiaire en
entrant dans l'entreprise, et met son chapeau de responsable, que ce soit au plan
scientifique ou de gestion. Cela sépare clairement le positivisme de l'écologisme: une
approche analytique ou holiste des problèmes.
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